Un beau tissage de l’histoire personnelle et collective:le film d’animation Flee de Jonas Poher Rasmussen

Avant qu’il ne quitte les écrans, il faut voir le film de Jonas Poher Rasmussen : Flee (fuir en anglais)

Le livre de Jorge Semprun, résistant communiste, déporté à Buchenwald, portait le titre « L’écriture ou la vie », le film de Jonas Poher Rasmussen, pourrait porter en sous-titre « la parole et la vie ».

Paroles/questions que le réalisateur de ce film d’animation pose à son ami afghan, Amin (un pseudo) enseignant aujourd’hui à la fac au Danemark.

La première image du film montre Amin, allongé sur un divan aux motifs orientaux comme sur celui d’un psychanalyste.

 

C’est quoi pour toi une maison ? demande le réalisateur

La sécurité répond Amin.

 

As-tu déjà raconté ton histoire ?

Non

 

Les souvenirs d’Amin, entrecoupés d’images d’archives inscrivent le récit dans un tissage permanent entre histoire personnelle et familiale et évènements collectifs.

 

L’insouciance de ce petit garçon joueur, aimant s’habiller en fille, est brutalement balayée par l’arrestation de son père qu’il ne reverra jamais.

Toute la famille tentera de fuir, en petit groupe, dans des conditions plus horribles les unes que les autres, payant le prix fort aux passeurs.

Amin, son frère et leur mère vont parvenir en Russie, vivant dans une grande précarité, à la merci de la police corrompue et abjecte, volant et violant en toute impunité.

Amin fera seul le trajet de Russie au Danemark.

 

Les scènes les plus effrayantes sont dessinées au fusain, floues et très rapides dans leur succession et on se demande si la mémoire d’Amin lui fait défaut ou s’il ne peut aborder ce qui est le plus terrifiant.

Les mots d’Amin sont empreints d’une grande pudeur, d’une émotion contenue et le spectateur la ressent avec d’autant plus d’intensité.

De même son homosexualité est également traitée avec une grande délicatesse.

La parole n’est pas sans effet et sans « divulgacher » la fin du film, il pourra trouver sa « maison ».

 

Un beau tissage de l’histoire personnelle et collective:le film d’animation Flee de Jonas Poher Rasmussen
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